Notre pote Balthazar attire l'attention de la troupe de Miss beaucoup plus que la vieille blasée. il faut dire que le beau gosse est star de la télévision au Salvador, il anime sur une chaîne popu une émission quotidienne culturelle pour les jeunes. S'en suit une interminable séance de photos avec la moitié des gens autour de nous, des propriétaires terriens qui portent RayBan, grosses montres suisses et bottes en crocodile, des jeûnes hilares aux t-shirts bariolés, et chacun qui peut s'incruster.
Le soir nous nous asseyons sous les frondaisons d'un immense arbre, dont personne n'a pu me dire comment il s'appelait, pour assister au palenque, le traditionnel combat de coq. Le spectacle est impressionnant pour qui ne connait pas les subtilités de ce jeu cruel. Mais au fur et à mesure le néophyte se laisse séduire par l'ambiance crépitante où les hommes crient hurlent et gesticulent pour encourager ou commander leurs bêtes sur lesquels ils ont souvent parié de fortes sommes.
Sur les ergots des belles bestioles on accroche une lame de rasoir qui servira à blesser plus rapidement l'opposant. Il y a du sang et des plumes qui volent mais plus la soirée s'allonge plus la qualité des combats devient impressionnante. Souvent pas plus de deux minutes sont nécessaires à un champion pour assommer son rival.
Dans le public il y a des personnages sortis de romans de Garcia Marquez, une magnifique jeune femme à la peau caramel au visage noble et sérieux, un vieux monsieur à la fine moustache et au regard aussi concentré que courroucé qui pourrait être le héros d'un film de Scorcese et puis notre voisin, un gros type dont le visage est orné de cicatrices mais gentil comme un nounours : un éleveur de coq de combat qui en possède plusieurs centaines. Certains sont importés des USA où ils s'achètent 350$, une fortune pour ici.
Le lendemain je pars pour San Salvador avec Baltha et Seth. La ville est garnie de shopping malls avec toutes les cochonneries gringa genre fast food et marchand de baskets. Nous irons au studio de télévision l'après midi applaudir les performances de notre ami tout en se gelant dans l'air conditionné, puis le soir après quelques verres au même shopping mall qui est le lieu banché nocturne où se retrouve la jeunesse (comme à Porto Rico et autre pays gringoisé à la classe moyenne grimpante) nous filerons pressé par les potes de Baltha dans un strip bar, une expérience beaucoup moins tipica que la veille…
Le Salvador a vraiment été un coup de coeur, certes j'ai rencontré les bonnes personnes mais là bas les gens sont accueillants, chaleureux, marrants et le pays est magnifique. Il faudra revenir !