Sunday, December 12, 2010

Caye Caulker, Belize - le split



Ça c'est un diamant ! m'a laché Coz à quelques mètres de sa fraiche acquisition. Un sourire appuyé matiné d'un superbe accent québécois, le canadien sur un coup de coeur a racheté l'incontournable débit de boisson fleuron d'un bon vivre ensoleillé où le rhum-punch coule a flot au son d'un reggae roots. Rein'toué konteu'Beunoué y'ariin d'oôtadfaire ici queud'venir leu didon !

Ainsi le Lazy Lizard réjouira les amateurs de culture caribéenne, un lieu unique où tout est possible : de la bronzette et autre procrastination jusqu'aux jappement les plus extatiques, Happy Hour all day aidant.

Une baraque de bois posé sur le sable, au comptoir trapézoïdale faisant face à l'océan, à sa droite une langue de béton tombe en ruine mais protège des tempêtes et surtout de l'implacable érosion entre les deux rives jadis jointes. Je dois faire parti des rares qui utilisent son extrémité un plateau incliné qui risque a chaque moment de s'écrouler mais qui offre aussi la plus belle des poëles à frire. C'est mon plongeoir et il faut souvent enjamber quelques croupes caramélisés capable de vous déconcentrer dans votre futur lâcher prise sportif.

Nager 15 minutes, 10 minutes de séchage en mode naturel, flipper du coup de soleil et se tartiner de crème indice 50 pendant 2 minutes jusqu'à se dire que maintenant que c'est fait  ce serait bête de rentrer dans sa chambre donc 10 minutes de plus sont accordé par le jury de l'anti-culpabilité. Ensuite tout est histoire de rythme ou de discipline si vraiment on a un caractère adictif.

Une première session de nage au réveil puis une fois l'après midi avec glandage de rigueur pas plus de 30mn cependant. Car il n'y a pas à proprement parler de plage naturelle à Caye Caulker et ce bar à la plage artificielle est un des accès à l'eau.
Aujourd'hui je suis particulièrement gâté. Attirés par des anglaises soi trop grande soi trop grasse qui ont poussé la perfection jusqu'à s'acheter un authentique saut de jardin en métal rempli de bouteilles de bières et de glace, deux australiens à l'accent épouvantable et aux yeux injectés trouvent rien de plus naturel que de se lancer en hurlant dans une série de plongeons improvisés afin de tester celui qui attirera l'attention de ces dames. Les deux grosses gouttes qui s'écrasent sur le papier bible de mes Contes et Nouvelles de Maupassant (savoureuse lecture by the way) font déborder ma nervosité déjà aiguisé par leur rire gras et leur ton perché proche du hurlement.

Je range mon bouquin et réserve mes dernières minutes à la contemplation d'une brochette spectaculaire composée de deux couples semblable en tout point. Chacune des filles est mince petite et plutôt sexy, leurs cheveux brun sont coiffés d'un panama et elles portent toutes les deux des t-shirts blancs déjà mouillés qui moule leur maillot de bain.
Aussi elles enlacent chacune un type hyper baraqué, probablement le stade juste avant culturiste arborant des tatouages harmonieusement répartis. Gros biceps et plaque d'abdominaux, leur sourire au mâchoire puissante et à l'émail étincelant mais surtout leur paire de lunette de soleil de luxe finissent de planter le parfait cliché de l'acteur porno en week-end. Les filles jouant les conquises dégustent avec ravissement les oeillades alentours.
La troisième venue quotidienne au Lazy Lizard a le caractère d'un rituel, comme une messe dans la communauté des touristes en tous cas: le coucher de soleil. Chacun le nez un peu rougi ou fraichement changé après une douche qui aura coupé une après midi allongée sur le sable, se pressent autour de la cahutte verre en main et appareil photo de rigueur afin de ne rater sous aucun prétexte sauf si des nuages viennent à briser la noyade de l'astre orangé la bas au bout de l'océan.

Rassuré d'avoir capturé une des plus fabuleuses cartes postales qui soit, ils s'en retournent à l'autre activité enthousiasmante qui est celle d'avoir la chance de rencontrer des gens du monde entier. Il est 17h le tocsin du brassage mondial sonne, ce soir je ne prendrais pas mon appareil photo. Même si la vérité du moment invite irrésistiblement à l'immortaliser.

Caye Caulker, Belize - vive le tourisme



Sur la route principale de Caye Caulker, celle qu'ils empruntent 15 fois par jour, sans savoir que 1500 âmes partageant des baraquements de fortune occupent d'autres quartiers plus au sud, sur cette axe qui relie un nord/sud tout droit sur presque 1km, les empêchant arrachés par les verres de rhum de s'interroger sur les chemin à suivre, les touristes grimpent invariablement au rythme du Go Slow local, crié par les rastas vendeur de verroterie (mais pas que) aux plus énervés dans mon genre qui n'ont pas encore perdu leur foulée olympique sculptée sur les trottoirs parisiens.


Hormis les silencieux vélos, les seuls véhicules sont des voiture de golf dont quelques unes ont été bricolés avec option transistor scotché sur le tableau de bord. Quatre jeûnes garifunas les plus afro-caribéens des belizéains habillés en parfaite tenue bobo dread, avec leur petit bonnet qui les font ressembler à des schtroumpfs, doublent au son d'un raggamuffin tonitruant un autre véhicule garnis d'épaisses mamas nouveaux riches qui filment le trajet avec un Iphone recouvert de peau de serpent.
Tout est dédié dans cette artère où le soleil tabasse sans pitié aux cohortes d'étrangers bariolés dont la population tend à se mixer depuis quelques années. Le Belize tire 70% de ses revenus du tourisme, cela s'entend aux nombreuses pancartes offrant dans le désordre chambre à coucher, stage de plongée, ou menu avec langouste mais le punch est offert. Alors forcément on reçoit déambulant ou marchant d'un pas assuré du My Friend à tout bout de champ. 

Ce ne sont plus que des backpackers soucieux de leur moindre sou mais aussi des familles qui viennent passer quelques jours attirés par les attractions obligatoires qui sont au choix pêche, plongée, planche à voile, kite surf, kayak, etc, le tout souvent facturé à des prix prohibitifs quand on sait que le salaire local est de 2,5$/h.

Restent ensuite les activités terriennes, beaucoup plus convenues, comme acheter un sac de tissu peluché à une de ces petites indiennes aux yeux bridés ou bronzer au soleil en buvant sa 12ème Belikin la bière locale à 2$, les pieds dans l'eau entourés de touristes finlandaises qui papillonnent des yeux en allumant sans pudeur une demie-douzaine de bellâtres à la peau d'ébène. C'est bientôt l'heure de la curée pensent la bande des big bamboo, sans savoir que chez les nordiques baptistes on ne donne pas ses fesses à la première oeillade.

En fait ces agace-pissette (comme on dit au Quebec) dont certaines ont le sex-appeal marylinien, pulpeuse et fragile à la fois, doivent souvent trainer inerte jusqu'à leur logis leur cavaliers ivre mort d'avoir trop espéré. Puis comme si de rien n'était le manège de ces mantes religieuses recommence le lendemain avec la même candeur au Lazy Lizard le bar emblématique du split, la jonction entre l'île du nord et l'île du sud.