Friday, December 31, 2010

EL ESTOR, GUATEMALA (suite)


La première attraction du coin, la célèbre Finca Paraiso, est une chute d'eau chaude située au coeur d'une forêt où coule une rivière cristalline, dont on admire la photo en médaillon de n'importe quelle carte ou dépliant touristique. Aussi popularité oblige il vaut mieux y arriver tôt. Je déroge à cette règle en déboulant vers 10h30 (ici la vie commence à 6h), mais heureusement seul deux familles pataugent habillés d'épais gilet de sauvetage.
Magnifique piscine naturelle où les rochers offrent de fabuleux plongeoir je retrouve mon élément quasi naturel et joue à l'otarie alors que le reste de la troupe assis sous les trombes d'eau brulantes me regardent l'oeil amusé. Dans l'écume une multitude de petits poissons n'hésitent pas à vous mordre l'épiderme. Ça doit faire bizarre si on se baigne tout nu…
Après une heure voilà un chapelet de familles qui débarquent glacière à la main et Crocs fluorescentes au pied, derrière eux il y a même un couple de japonais. Il est temps de fuir !
Sitôt habillé je remonte le chemin mais les allers et retours continus entre bouillant et glacial m'ont flingué. J'ai peine à avancer tellement mon énergie est nulle. La grosse détente me pèse et je n'aspire qu'à me poser sur mon lit. Pourtant m'attend El Boqueron, la deuxième attraction, un long canyon au coeur de la jungle-forêt que l'on visite en canoë ou à la nage si on a pas peur de se faire voler ses affaires.

J'arrive par miracle a courir après un mini-bus qui me prend à la volée et qui me fera payer le double du prix normal malgré mes protestations. Première arnaque du jour.
Sur le site du Boqueron, à nouveau des gamins me voient arriver de loin et me proposent un tour en barque. J'accepte et grimpe dans une pirogue avec un local qui comme tous les plus démunis arborent avec fierté quelques dents ornés d'étoiles et autres apparats en or (exactement comme les rappers américains). Son fiston se plante devant la pirogue et passera son temps a bouffer du chewing-gum en tirant dessus vulgairement alors qu'autour ce n'est que majesté et recueillement. La rivière coule au milieu de falaises de 50m de haut d'où descendent d'épaisses lianes.

Après dix minutes, nous arrivons à une petite île de galets et le type me fait comprendre que c'est la fin du voyage. Mais je croyais que ça durait 25mn ? Non on peut pas aller après… Pourtant on doit pouvoir descendre et pousser la pirogue ? Non, non… Bon ok. Je sens l'arnaque, sur le court chemin du retour le gamin me regarde de traviole tout en faisant un boucan d'enfer avec la chaine du cadenas. J'ai envie de lui envoyer une grosse tarte. 
Retour à El Estor où je raconte l'histoire à Oscar qui s'esclaffe avec son rire puissant. Est ce que tu as vu ça ? me demande t'il en me tendant un catalogue Shell où sont compilés les beautés de la région. En pleine page, une photo technicolor où deux géologues naviguent dans une incroyable caverne. Bah non, admettais-je. Alors tu t'es fait carotter !
Làs je retourne dans ma chambre d'hôtel pour regarder Deep Blue, un documentaire alarmant de la BBC sur l'état de nos océans. Le soir après une sieste de 1h30 pour me consoler j'irai m'offrir un cheviche. Mais manque de bol au Guatemala il le prépare avec du jus de tomate, voire du ketchup, et c'est dégueulasse... 

Thursday, December 30, 2010

EL ESTOR, GUATEMALA


D'aucun connaisse ma passion pour la pêche. Toutes ces nuits à explorer Google Earth avaient pour but de trouver le spot inconnu qui m'offrirait quelques émotions explosives. Ainsi la partie occidentale du lac Izabal, depuis mon appartement parisien, m'avait particulièrement fasciné avec ses longs couloirs de lagunes sauvages. J'avais hate de me poser à El Estor, le bourg le plus proche.
El Estor est de loin le coin le plus sympa que j'ai visité au Guatemala à ce jour (en même temps ce n'est guère que le 3ème patelin que je vois !). Très typique et sans touristes, il est composé de quelques rues commerçantes entourées par des blocs d'habitation plus ou moins traditionnels suivant la classe sociale des habitants : la grande résidence secondaire en bois verni est juste derrière la cabane en tôle où les cochons fouillent dans les détritus étalés sur l'herbe.
Hormis quelques gamins qui racolent un quetzal si vous avez le toupet de vous promener dans les parties les plus déshéritées, les gens ici sont gentils, aimables et désintéressés. Je me suis même fait un pote, Oscar le patron de l'hôtel Vista Al Lago, la plus vieille bâtisse de la ville où séjourna Che Guevara et d'où vient le nom du lieu. Fondé par un anglais et un hollandais comme comptoir d'essences rares de bois précieux à la fin du XVIIIè s. Les locaux incapable de prononcer the store finirent par baptiser le lieu el estor.
Oscar est un type délicieux, qui m'a offert ce soir un breuvage composé d'eau de vie et chanvre mariné. Le goût était infect mais l'effet assez puissant pour m'embarquer dans une soi disant présentation de danse bikini local. Résultat 40 mecs ivres morts assis sur des chaises en plastique dans un hangar à bétail, hurlant devant 4 filles fort jolies dansant sur une estrade. Je voyais pas comment cela pouvait bien finir. Je me suis cassé et j'ai mangé deux gâteaux à la banane en rentrant dans ma chambre.
Ce matin, après avoir discuté avec Oscar de sujets comme la mondialisation ou la religion, tout en me montrant ces photos d'orchidées, je quitte mon ami à l'oeil pétillant pour embarquer sur une barcasse avec Juan, un ancien chasseur de crocodile à l'harpon. S'en suivent 4h de déambulations dans des canaux magnifiques où malheureusement aucun poisson ne poîntra son nez en surface en raison du froid (oui au risque de me faire lapider par mes compatriotes qui se battent entre neige et épidémie de grippe, ici avec quelques 14° et du vent, on se les gêle !).
Le rêve de coin de pêche miracle ne sera pas réalisé, tant pis je vais me rabattre sur les quelques spécialités touristiques du coin.
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Tuesday, December 28, 2010

RIO DULCE, Guatemala

Faudra t'il reconsidérer l'art de voyager avec l'apparition d'outils tels que Google Earth ? J'avais passé en effet beaucoup de nuits souris en main à explorer virtuellement cette région où il n'y avait pas de routes et où les seuls tracés en courbes existant n'était que des canaux au coeur de jungle et forêts, pour finir dans une ville du bout du monde : Rio Dulce. La vérité serait elle différente ? De ce que j'en avais lu il s'agissait d'une ancienne ville coloniale bâtie autour d'une forteresse, lieu de villégiature de nombreux plaisanciers désireux de s'abriter des vents hivernaux.
Livingston a cette délicieuse particularité de n'être accessible que par bateau (ce qui diminue considérablement le taux de criminalité du lieu). Venu de la mer, je repars par le fleuve pour rejoindre Rio Dulce. La voie fluviale est aussi recommandée afin d'admirer les magnifiques canyons aujourd'hui illuminés d'un soleil régénérant. En effet depuis quelques jours beaucoup de fronts froid font chuter les centigrades et incitent les locaux à porter d'épais bonnets de laine, toujours étonnant au coeur des Caraïbes.
Au coeur du canyon, la barque file à toute vitesse en prenant de larges tournants, ce qui amuse énormément mes voisins expatriés guatémaltèques vivant à Montreal, revenus pour Noël. Cette euphorie de kermesse nous laisse à peine le temps d'apercevoir des maisons traditionnelles en palmier et bambous devant lesquelles des mères de famille assises dans de longilignes coquilles de noix affleurant dangereusement la surface secouent une ligne de pêche en quête de menu fretin.
Il semble que la famille ait loué le bateau pour une visite des lieux puisque nous nous arrêtons dans les sources chaudes, une des étapes obligées dans les guides touristiques.
Déposé à Isabal j'ai la mauvaise surprise de voir qu'en ce jour de Noël, férié, l'unique bus pour El Estor est parti depuis le matin. Il faudra donc que je couche à Rio Dulce qui est à peu près aussi attrayant que d'arriver dans la banlieue de Clermont-Ferrand un soir de février. La ville en effet ne ressemble à rien. Deux bouts de population sont séparés par un immense pont qui grimpe en courbe jusqu'à peut être 70m de haut (suffisamment de quoi couper les jambes).
Rio Dulce est un port mais surtout une marina ainsi cohabitent de grands bourgeois venus de la capitale et quelques 600 voileux venus du monde entier, dont plus de la moitié sont des bateaux-ventouses (qui sortent peu en mer) habités par de vieux hippies aux chapeaux de mousquetaire excentriques ou ornés de bandeaux colorés et de lunettes Varilux tels des sosies de Antoine, notre baba cool national reconverti dans la promotion d'optiques bon marché.
Après m'être pris une petite montée de frayeur en traînant mes guêtres dans un chosas, un petit bar de quartier réservé aux hommes (avec une serveuse sur-bonne évidemment) où un ancien narco-trafiquant qui m'avait pris en amitié tout en crachant toutes les 45 secondes me réclamait maintenant de lui donner de l'argent afin qu'il puisse continuer à boire aussi je filais me réfugier dans ma chambre d'hôtel équipée d'un petit poste de télévision pour m'offrir une autre sorte d'évasion.
La télévision d'Amérique Latine comprend (cable inclus) quelques 120 chaînes où se trouvent le pire du pire. A coté de programmes étonnants comme cette chaine colombienne musicale et chrétienne, où un type qui ressemble à Ben Harper chante son amour de Jesus, il y a les novelas criminelles où ça bastonne et défouraille sec filmés tout en plan moyen avec un effet Cinéma posé sur une vidéo tournée avec une caméra bon marché et des acteurs qui louchent sur un prompteur.
En règle générale une chaine commerciale se remarque par le nombre hallucinant d'images à la seconde, tout va ainsi très très vite ne laissant au téléspectateur pas le temps de penser. Même pendant un reportage les infos sont mâchés en bouillie, une voix off annonce une décision prise par une des protagonistes, suit la protagoniste qui témoigne que Oui elle a bien pris cette décision. A signaler évidemment qu'auparavant cette décision aura déjà été soufflé par un jingle avant la page de publicité. C'est le gavage de l'oie intégral.
Demain direction El Estor et son incroyable réserve de lagune, le spot fantasmé sur Google Earth..

Sunday, December 26, 2010

NOEL à Livingston, Guatemala


Aujourd'hui c'est Noël et toutes la ville est en fête. Noël au Guatemala c'est surtout une fête populaire qui a moins une connotation familiale qu'en Europe. Les gens sortent dans la rue et s'enivrent jusqu'à 6h du matin. Chaque boutique pour l'occasion propose un éventail de pétard et autres feux d'artifice, une ambiance de guerre dont les soldats sont tous les gamins qui s'en donnent à coeur joie.
Plus haut dans le village il y a aussi une fête foraine où on peut gagner toutes sorte de cochonnerie en plastique et où chaque êchope rivalise de décibels pour attirer les badauds. A noter que la tradition latine exige que le son soit saturé sinon c'est pas bien, c'est comme les poils faut que ça dépasse.
Plus tard dans la nuit tout le monde dérive vers les discotecas et autres lieux de musique. Là aux alentours de 4h du matin au son d'une musique hypnotique, mélange cumbia et transe africaine (proche du son des Konono n°1 et d'un esprit techno), hommes et femmes se rapprochent pour danser ensemble bassin contre bassin mimant parfaitement ce qu'il fantasme de faire plus tard. L'homme donne des petits coup de reins et la femme tend les fesses. Le plus drôle est que toute la piste de danse regarde dans la même direction. L'animalité est à son comble.

Livingston - Guatemala


Echappé de Punta Gorda, la très glauque ville du sud Belize, quelques 40mn auparavant, j'arrive à Livingston assis dans une longue barque qui fend les flots avec son hors bord de 200 chevaux à plein gaz.
Livingston est un gros village situé sur la côte Caraïbes du Guatemala dont la particularité est de ne pas avoir de routes extérieures, seule la mer permet les échanges et le transport. C'est aussi un de fiefs de la culture Garifuna, ces africains qui ont échappés à l'esclavage deux siècles auparavant et qui se sont battus au coté des anglais contre les français. Avec une culture très proche de leurs cousins rastafarien jamaïcains, les Garifunas se sont implantés sur les côtes du Belize, Guatemala et Honduras principalement.
L'hotel que je dégote est absolument incroyable. Imaginez une série de petites maisons dont le style oscille entre Walt Disney, l'Inde et l'Afrique du Nord, trois petits châteaux entourés par un grand bâtiment ornés de coquillages et damé de gros pavés colorés, le tout dans un état abandonné. Bienvenue à African Place Hotel où ma chambre ne coute que 40 Quetzal la nuit soi 4€.
Au milieu de la cour déglinguée dans l'immense patio où trottinent quelques poules déplumés, la famille qui gère l'établissement ne vous prête guère d'attention occupée à éplucher des carottes en matant la télévision, posée sur la table et ouverte à longueur de journée. Le patron ressemble à un garagiste mexicain avec son t-shirt qui a du être blanc au siècle dernier.
C'est probablement la salle de bain qui m'a décidé. J'ai eu du mal à résister à ce maelström de couleurs: le vermillon de la moquette des chiottes et le carrelage de la douche ambiance bukkake ont fini de me conquérir.

Saturday, December 25, 2010

Caye Caulker, Chiens et sapins

Hey Ben tu as entendu pour l'opération de ce soir ? La main dans la gueule de mon pote Scraffy, le chien de rue le plus cool de tout l'est Bélizéen, je me retourne alors que Maddie avec ses 1m54 et son énergie débordante se précipite vers moi. Le gouvernement va encore faire son nettoyage, enchaine t'elle sans me laisser de temps de me relever proprement. Maddie c'est la marraine de tous les chats abandonnés de Caye Caulker et elle en a 72 chez elle !
Le plus drole c'est le profile des volontaires qui viennent du monde entier pour s'en occuper. Le dernier Stephen mesurait 1m90, pesait 110 kilos facile et buvait toujours les bières par deux. Tu sais ils envoient des gars la nuit sur l'île qui se balladent dans les rues en balançant des boulettes de viande empoisonnée, poursuit Maddie l'oeil brillant derrière ses lunettes rondes. C'est soi disant pour réguler la population des chiens de rue...
Sur l'île les chiens sont légions, ils sont tous un peu libre, tous un peu de la rue, ils vous accompagnent quelques mètres puis s'en retournent à leur palmier ou à la meute.
Celui qui t'appartient est celui que tu nourris sinon alors c'est aussi un vrai chien de garde ou un petit chiot sautillant que traine se vieux rasta filiforme et goguenard. Son ami le balèze avec qui je partage ma table de petit déjeuner lui crie Hey Go and get yourself a dog ! (Hey va t'acheter un vrai chien !)
Au Belize on rigole pas avec Noel. Les chinois qui ont trusté (once again) tous les commerces (y'a pas encore les salons de massage malheureusement) vendent de la guirlande électrique au kilomètre. Certaines maisons ressemblent à des chalets norvégiens, d'autres on poussé le spectaculaire jusqu'à fabriquer des crèches avec des santons électriques de 80cm de haut dans leur jardin. Quelque soit la classe sociale chacun y va de son effort.
Dans le bus qui me descend vers la cote sud du pays, les passagers embarquent de bruyants paquets de plastique avec plein de cochonneries made in china (again!) ou des cartons de vieux lecteur CD/K7 que même les africains voulaient plus.
Direction Livingston et Noël chez les Garifunas !

Thursday, December 23, 2010

Caye Caulker, In the groove

Tu pourrais pas mettre autre chose que Bob Marley mec steuplai ? Accoudé au comptoir j'attends mon ceviche de langouste en matant les nouveaux touristes qui débarquent trois fois par jour sur l'île au rythme des bateaux taxi. Tout le monde vient chercher un poil d'exotisme et le reggae de Bob est un monument dont les locaux continuent de chérir chaque jour la mémoire. C'est pourtant pas les bons artistes de reggae qui manquent... D'ailleurs à propos du grand Bob (je crois qu'il était petit de taille cependant) je me suis mis à fantasmer un t-shirt avec des trèfles couleur rasta qui dirait Bob Marley is half irish (son père, un sheriff, était irlandais oui !). 

Force est d'avouer que les pires brigands sur l'île sont surement les rastas et que notre légende du reggae doit se retourner dans sa tombe si il apprenait que ses disciples sont les pourvoyeurs de poudre blanche ainsi qu'un catalogue entier de stupéfiants. Ils s'appellent eux même les pharmaciens...

Ce qui craint le plus serait ce qui vient d'arriver à mon pote Marko qui s'est fait toper entrain de fumer un joint par les policiers patrouillant en voiture de golf (caribean style !). Coup de chance ou manque de bol il fait tomber son portefeuille devant les flics qui repèrent sa carte bleue immédiatement. Chantage et pression de prison oblige le pauvre a du payer 150$US pour se tirer d'affaire. Pendant ce temps chaque bar a des photos de Bob spliff au bec, des posters avec marqué l'Homme a crée l'alcool, Dieu a créé l'herbe, des dealers a chaque coin de rue, même les gars derrière chez moi sont des brigands avec leur gros pitbull, et leur voisin n'est rien autre qu'un de ces policiers...

Presque trois semaines ici et déjà les prémices des petites habitudes rassurantes qui s'installent. Retourner religieusement chaque matin manger une gaufre à la confiture et discuter avec la famille du Miramar Hotel. Ils sont l'exemple typique des familles de pêcheur de langouste qui ont fait fortune dans les années 70 puis qui ont investi dans des infrastructures hôtelières. Ils parlent espagnol ou créole ou anglais ou les trois en même temps. Les vieux ont la gueule d'un champignon asséché, chaque matin ils se posent dans les hamacs ou sur une chaise en plastique et commencent leur bavardage incompréhensible. Devant eux quelques blondes au fesses flottantes déambulent innocemment, mais les vieux sages ne tournent même pas la tête, à moins qu'ils aient développé une technique de matage immobile et panoramique derrière leur lunette de soleil.

Ici la richesse du lieu est marine. Il faut s'évader de la petite île sans quoi la folie guette. Arpenter 20 fois par jour la même artère central en voyant les mêmes gueules alors qu'en mer ce sont mille richesses qui attendent le curieux ou le passionné. Kite surf, wind surf, pêche, plongée, le lagon du Belize est un pays en soi, courez mettre votre maillot de bain pour y plonger !

Sunday, December 12, 2010

Caye Caulker, Belize - le split



Ça c'est un diamant ! m'a laché Coz à quelques mètres de sa fraiche acquisition. Un sourire appuyé matiné d'un superbe accent québécois, le canadien sur un coup de coeur a racheté l'incontournable débit de boisson fleuron d'un bon vivre ensoleillé où le rhum-punch coule a flot au son d'un reggae roots. Rein'toué konteu'Beunoué y'ariin d'oôtadfaire ici queud'venir leu didon !

Ainsi le Lazy Lizard réjouira les amateurs de culture caribéenne, un lieu unique où tout est possible : de la bronzette et autre procrastination jusqu'aux jappement les plus extatiques, Happy Hour all day aidant.

Une baraque de bois posé sur le sable, au comptoir trapézoïdale faisant face à l'océan, à sa droite une langue de béton tombe en ruine mais protège des tempêtes et surtout de l'implacable érosion entre les deux rives jadis jointes. Je dois faire parti des rares qui utilisent son extrémité un plateau incliné qui risque a chaque moment de s'écrouler mais qui offre aussi la plus belle des poëles à frire. C'est mon plongeoir et il faut souvent enjamber quelques croupes caramélisés capable de vous déconcentrer dans votre futur lâcher prise sportif.

Nager 15 minutes, 10 minutes de séchage en mode naturel, flipper du coup de soleil et se tartiner de crème indice 50 pendant 2 minutes jusqu'à se dire que maintenant que c'est fait  ce serait bête de rentrer dans sa chambre donc 10 minutes de plus sont accordé par le jury de l'anti-culpabilité. Ensuite tout est histoire de rythme ou de discipline si vraiment on a un caractère adictif.

Une première session de nage au réveil puis une fois l'après midi avec glandage de rigueur pas plus de 30mn cependant. Car il n'y a pas à proprement parler de plage naturelle à Caye Caulker et ce bar à la plage artificielle est un des accès à l'eau.
Aujourd'hui je suis particulièrement gâté. Attirés par des anglaises soi trop grande soi trop grasse qui ont poussé la perfection jusqu'à s'acheter un authentique saut de jardin en métal rempli de bouteilles de bières et de glace, deux australiens à l'accent épouvantable et aux yeux injectés trouvent rien de plus naturel que de se lancer en hurlant dans une série de plongeons improvisés afin de tester celui qui attirera l'attention de ces dames. Les deux grosses gouttes qui s'écrasent sur le papier bible de mes Contes et Nouvelles de Maupassant (savoureuse lecture by the way) font déborder ma nervosité déjà aiguisé par leur rire gras et leur ton perché proche du hurlement.

Je range mon bouquin et réserve mes dernières minutes à la contemplation d'une brochette spectaculaire composée de deux couples semblable en tout point. Chacune des filles est mince petite et plutôt sexy, leurs cheveux brun sont coiffés d'un panama et elles portent toutes les deux des t-shirts blancs déjà mouillés qui moule leur maillot de bain.
Aussi elles enlacent chacune un type hyper baraqué, probablement le stade juste avant culturiste arborant des tatouages harmonieusement répartis. Gros biceps et plaque d'abdominaux, leur sourire au mâchoire puissante et à l'émail étincelant mais surtout leur paire de lunette de soleil de luxe finissent de planter le parfait cliché de l'acteur porno en week-end. Les filles jouant les conquises dégustent avec ravissement les oeillades alentours.
La troisième venue quotidienne au Lazy Lizard a le caractère d'un rituel, comme une messe dans la communauté des touristes en tous cas: le coucher de soleil. Chacun le nez un peu rougi ou fraichement changé après une douche qui aura coupé une après midi allongée sur le sable, se pressent autour de la cahutte verre en main et appareil photo de rigueur afin de ne rater sous aucun prétexte sauf si des nuages viennent à briser la noyade de l'astre orangé la bas au bout de l'océan.

Rassuré d'avoir capturé une des plus fabuleuses cartes postales qui soit, ils s'en retournent à l'autre activité enthousiasmante qui est celle d'avoir la chance de rencontrer des gens du monde entier. Il est 17h le tocsin du brassage mondial sonne, ce soir je ne prendrais pas mon appareil photo. Même si la vérité du moment invite irrésistiblement à l'immortaliser.

Caye Caulker, Belize - vive le tourisme



Sur la route principale de Caye Caulker, celle qu'ils empruntent 15 fois par jour, sans savoir que 1500 âmes partageant des baraquements de fortune occupent d'autres quartiers plus au sud, sur cette axe qui relie un nord/sud tout droit sur presque 1km, les empêchant arrachés par les verres de rhum de s'interroger sur les chemin à suivre, les touristes grimpent invariablement au rythme du Go Slow local, crié par les rastas vendeur de verroterie (mais pas que) aux plus énervés dans mon genre qui n'ont pas encore perdu leur foulée olympique sculptée sur les trottoirs parisiens.


Hormis les silencieux vélos, les seuls véhicules sont des voiture de golf dont quelques unes ont été bricolés avec option transistor scotché sur le tableau de bord. Quatre jeûnes garifunas les plus afro-caribéens des belizéains habillés en parfaite tenue bobo dread, avec leur petit bonnet qui les font ressembler à des schtroumpfs, doublent au son d'un raggamuffin tonitruant un autre véhicule garnis d'épaisses mamas nouveaux riches qui filment le trajet avec un Iphone recouvert de peau de serpent.
Tout est dédié dans cette artère où le soleil tabasse sans pitié aux cohortes d'étrangers bariolés dont la population tend à se mixer depuis quelques années. Le Belize tire 70% de ses revenus du tourisme, cela s'entend aux nombreuses pancartes offrant dans le désordre chambre à coucher, stage de plongée, ou menu avec langouste mais le punch est offert. Alors forcément on reçoit déambulant ou marchant d'un pas assuré du My Friend à tout bout de champ. 

Ce ne sont plus que des backpackers soucieux de leur moindre sou mais aussi des familles qui viennent passer quelques jours attirés par les attractions obligatoires qui sont au choix pêche, plongée, planche à voile, kite surf, kayak, etc, le tout souvent facturé à des prix prohibitifs quand on sait que le salaire local est de 2,5$/h.

Restent ensuite les activités terriennes, beaucoup plus convenues, comme acheter un sac de tissu peluché à une de ces petites indiennes aux yeux bridés ou bronzer au soleil en buvant sa 12ème Belikin la bière locale à 2$, les pieds dans l'eau entourés de touristes finlandaises qui papillonnent des yeux en allumant sans pudeur une demie-douzaine de bellâtres à la peau d'ébène. C'est bientôt l'heure de la curée pensent la bande des big bamboo, sans savoir que chez les nordiques baptistes on ne donne pas ses fesses à la première oeillade.

En fait ces agace-pissette (comme on dit au Quebec) dont certaines ont le sex-appeal marylinien, pulpeuse et fragile à la fois, doivent souvent trainer inerte jusqu'à leur logis leur cavaliers ivre mort d'avoir trop espéré. Puis comme si de rien n'était le manège de ces mantes religieuses recommence le lendemain avec la même candeur au Lazy Lizard le bar emblématique du split, la jonction entre l'île du nord et l'île du sud.

Wednesday, December 1, 2010

J aime pas la neige

Depart lundi matin 29 novembre en direction du Mexique via Francfort. Il a legerement neige pendant la nuit mais lautoroute est pratiquable. Jarrive tres en avance a CDG et somnole jusqua 10h40 heure de mon vol. On signale un leger retard, il faudrait pas que ca dure puisque jai une correspondance. On nous fait embarquer mais rien ne se passe. Finalement nous decollons a 13h et ma correspondance est a 14h, autant le dire ca pue la mort la honte la haine et la defaite... Arrive a Francfort ou il a bien neige je cours comme un hysterique esperant que peut etre lavion du Mexique aura lui meme galere pour decoller. Manque de bol non...Je viens de rater mon vol Courtney, ne mattendez pas ! hoquetai je au telephone en slalommant. Courtney et Antonio sont un couple damericain sympa que jai rencontre lannee derniere a Caye Caulker au Belize. Nous devions descendre ensemble de Cancun au Belize cette annee.

Dans le hall des reclamations de Lufthansa il y a deja tellement de monde quil faut prendre un ticket et attendre son tour. Vers 17h je serai recu par une hotesse. Je lui demande si il y a des places pour le vol direct Francfort-Cancun du lendemain. Elle me dit que non, me suggere de recuperer mom numero ESTA afin de pouvoir voyager par les USA au cas ou. Elle me donne des instructions pour rejoindre un hotel paye par la compagnie, dehors la neige tombe de plus belle. Une heure plus tard je me retrouve dans lequivalent de lhotel Ibis de Villepinte, alors que je devrais etre au Mexique..

Mardi matin, arrive a 8h a laeroport la foule a quasi double depuis hier, logique ceux de la veille plus ceux du jour. Je reussis a griller les 430 personnes qui font la queue pour obtenir un ticket, en chemin vers la salle dattente je demande a un type derriere le comptoir si il reste une place sur le vol pour Cancun. Non me repond il. Petit papier en main je poireaute 1h30 et suis recu par une hotesse, elle pianote cherche passe un coup de fil et finalement me lache : Ok alors vous allez courir a lavion de 10h15 pour Cancun. Mais je croyais quil y avait plus... Depechez vous me dit elle. Une seconde plus tard je fonce dans la fourmillere. Je fais un 400m haies pas degueu compte tenu de la meconnaissance du parcours : une valise par ci, un obese par la et me voila glissant pour un final Holiday On Ice devant le check in. Cancun ? me demande la fille. Jobtempere dun signe de tete. Trop tard me coupe telle. Mais il est 10h et lavion decolle dans 15mn... Oui mais cest trop tard me lache telle avant de se retourner. Je suis telleñent essoufle que je ne peux pas parler.

Retour au bureau je reussis encore a gratter la fil dattente en ralant que lavion est parti et que cetait vraiment un plan pourri blah blah... Avec de grands gestes jinterpelle lhotesse a qui javais parle. Elle me recoit de nouveau, pianote sur son ordinateur puis mannonce que via Philadelphie je pourrai rejoindre Cancun. Cest un avion Delta Airlines qui part dans 1h20 mais il faut aller au Terminal 2, prendre une navette... Je trace a nouveau. 15mn plus tard je tends mon passeport et mon billet virtuel a une hotesse de Delta. Restez derriere la ligne me dit elle, mais je suis tout seul il ny a personne devant. Son attitude americaine trop a cheval sur les principes mirrite deja. Elle commemce a me questionner serieusement jusqua ce que elle me demande : Puis je voir votre billet de retour ? Je nen ai pas ma cherie, cest ca qui est bien ! Ah mais si vous avez pas de billet de retour vous ne pouvez pas voyager avec nous, et puis vous avez un visa pour le Mexique ? Non seulement elle me casse les c**** mais en plus elle me fait flipper cette idiote.

Je retourne une emieme fois au bureau des reclamations. Je re-grille la queue et retrouve une hotesse qui ma deja vue. Je lui parle de cette histoire de visa, du billet simple. Elle fait des recherches et mannonce que peut etre le mieux cest quelle me remette dans un avion pour Paris afin que je contacte les ambassades. Lhorreur ! Renseignement trouve elle me casera dans un avion pour Mexico City ou il faudra que je passe la nuit puis prendre un autre avion pour Cancun. Roulez jeunesse !

Deux heures plus tard je suis enfin assis dans un avion avec comme voisin un couple de beaufs francais pas mechant qui font partie dun groupe de 30 gars en survetement mauve avec des pulls jacquards rouge et noir, noublions pas la petite banane qui va bien devant. Lors du remplissage des papiers de douane, je note aupres de mon voisin quil ne peut pas mettre Mexique sur longlet Country Where Your Journey Began. Quelques instants plus tard je me retourne et eclate de rire en voyant que le gars a rature pour ecrire Marseille !

Arrive a Mexico City, jai evidemment la bonne surprise de ne pas trouver mon bagage.. on mannonce quil est probablement la mais en transit. Ne vous inquietez pas il sera PROBABLEMENT a Cancun demain a votre arrivee. Depite, je vais trouver un bureau Lufthansa pour me faire payer une chambre dhotel.


Mercredi 13h je viens datterir a Cancun ou il fait gris avec de la pluie fine. Je grimpe dans un bus pour rejoindre la gare dautobus. Comme dans chacun de ces vehicules en Amerique latine, il y a lair conditionne a bloc et une television. Cest un film ambiance XVIIe siecle et en y regardant de plus pres je reconnais Edouard Baer bientot suivi de Lucchini. le tout double en espagnol quon a du mal a capter puisque le chauffeur ecoute les derniers tubes a la mode a la radio.

A 23h30 je suis a Chetumal a lextreme sud est du Mexique, je ne me suis toujours pas change depuis lundi matin mais jai retrouve mon sac et le premier internet cafe :)